Comparaison entre ferrure et pied-nu
De Jörg Weber, Barhuf-Thueringen.de
... the never ending story - ou bien: il peut en être autrement
Rares sont les débats dans le monde équestre qui suscitent tant de polémiques que la ferrure. Cette question reste malheureusement très émotionnelle et on entend tout et son contraire. Ceci est tout à fait dommage, en premier lieu pour le cheval, car toute controverse émotionnelle nuit aux bonnes solutions et devient une guerre idéologique. Personne n´y gagne et encore moins le cheval. Ma position, en tant qu´auteur est très clairement en faveur du pied nu. Néanmoins, je vais tenter, non-pas de redonner les mêmes arguments mais de m´appuyer sur mon expérience personnelle pour étayer mes propos. Les sources pertinentes qui argumentent en faveur du cheval pied nu sont énumérées dans mon propre site WEB. Je vous conseille tout particulièrement de visiter également le site WEB de Tina Gottwalds Pro-Barhuf.de - des arguments fondés y sont discutés, je ne peux ni ne veux les reprendre.
Comment tout a commence ...
L´homme utilise le cheval depuis 3000 ans. La ferrure des chevaux n´est utilisée que depuis 1000 ans et est apparue au début du moyen-âge en Europe. Avec la découverte du fer et de la forge a débuté l´ère de la ferrure. Les Romains n´ont jamais connu la ferrure alors qu´ils utilisaient le cheval de façon intensive, empruntaient des voies en pierres taillées à travers l´Empire et dans le mode entier. Aucune représentation du cheval, avec ou sans cavalier, dans la Grèce ou dans la Rome Antique, ne donne la moindre indication sur la ferrure du cheval. Quel a été la raison pour laquelle les chevaux ont été ferres au commencement du Moyen-âge? Quels changements drastiques ont été opérés?
Le Moyen-âge
Le début du Moyen-âge est aussi le début de la Chevalerie - ou bien, historiquement parlant, le début de la féodalité. Les chevaliers étaient les vassaux de leurs rois, ou reçu des terres et ont élu résidence dans des châteaux fortifiés. Ensuite le chevalier n´a plus logé dans son fief pour le plaisir mais pour servir les seigneurs à la guerre et servir le drapeau. Avec le mode d´existence typique dans les chateaux-forts, les conditions de vie des chevaux ont brusquement changé. Avec la construction des fortifications sur les plateaux, le manque de place est s´est fait sentir. Les chevaux durent rester à l´écurie sans possibilité d´accès à une pâture. Ainsi le chevalier et ses serviteurs se tenaient prêts au départ. Les chevaux n´avaient plus l´occasion de se déplacer en permanence. Sans mouvement du cheval, la qualité et la forme de ses pieds se dégrade. La même observation a été faite pour les Mustangs aux USA et a souvent été décrite. Dans le même temps, le cheval est devenu pour le chevalier un objet de performances. Il devait porter le poids de son cavalier, des armes et d´une lourde armure dont il était parfois lui-même équipé. Cela a contribue a la dégradation du pied...
Des mesures ont du être prises pour maintenir le cheval "opérationnel". C´est a ce moment la que la ferrure a été la solution pour protéger le pied. D´ailleurs les contemporains de cette époque étaient pleinement conscients de leurs actes envers les chevaux qui payaient avec leur sante le prix de leur utilisation par l´homme. Les anciens traités de maréchalerie le montrent très clairement.
"La ferrure est en fait seulement un moyen, d´utiliser le cheval au mieux de sa capacité... la question de savoir si la ferrure est un moyen de garder un pied sain peut se poser. Ensuite l´expérience a montrè que, plus les chevaux sont ferrès longtemps, plus les pieds en subissent les conséquences négatives." Citation traduite du livre: Lehr- und Handbuch der Hufbeschlagskunst, 1861
Le transport et l´utilisation traditionnelle
Des lors l´utilisation de la ferrure s´est généralisée. Tout d´abord dans les transports. Nous ne devons pas oublier que les chevaux étaient utilisès d´abord en tant qu´énergie mécanique et que dans le même temps les villes et l´artisanat se sont développés. Les routes pavées sont devenues d´une part habituelles et d´autre part on a demandé bien plus de performances aux chevaux que dans leur milieu naturel (15-30km de déplacements quotidiens et sans surcharge).
La situation dans l´utilisation traditionnelle du cheval est toute autre. Les chevaux ont été également ferrés et gardés à l´écurie. Selon les saisons le cheval pouvait travailler 12 a 14 heures par jour. Les phases de repos a l´écurie qui suivaient les phases de travail permettaient aux chevaux de récupérer et n´étaient pas mauvaises en soi. De plus la plupart du temps les chevaux étaient déferrés en hiver pour faire des économies car l´agriculture n´avait pas besoin de chevaux à cette saison. Cela contribuait involontairement a la régénération des pieds.
Pour autant, cette situation s´est très vite dégradée. Cet état de fait est demeuré inchangé jusqu´à la fin de la seconde guerre mondiale. Au cours de l´histoire, la Chevalerie fut remplacée par la Cavalerie mais cela n´a rien changé à la situation. La fin de la guerre et le développement des techniques a sonné le glas de l´utilisation du cheval comme outil de travail. La cavalerie militaire n´existe plus et le tracteur a remplacé le cheval dans l´agriculture. Depuis la première Guerre Mondiale les transports n´utilisent plus guère de chevaux - à l´exception peut-être du fiacre Viennois. Cette mutation, aprés mille ans de tradition de ferrure, a également conduit l'Homme à se désintéresser des chevaux. Ainsi, des métiers comme maître d´écurie ou maréchal-ferrant sont tombés dans l'oubli.
Utilisation du cheval dans le sport
Au début des années 70, l´utilisation cheval a connu un nouveau souffle dans les sports équestres et plus tard dans les loisirs. Soudain le métier de maréchal-ferrant a connu un nouvel essor. Cela a entrainé une formation professionnelle accélérée pour couvrir les besoins. Les conditions d´accès à une formation de Maréchal-ferrant en Allemagne furent jusque récemment de connaitre le travail du métal mais pas d´avoir de connaissance sur les chevaux.
Aussi on ne peut faire aucun reproche au maréchal-ferrant. Lors de leur formation, ils n´en ont qu´un bref aperçu et cela change ensuite lors de l´exercice de leur métier.
Comme bien souvent dans l´histoire de l´Humanité, le traitement des chevaux en général et des soins apportés a leurs pieds en particulier ont été communément admis. Il en a toujours été ainsi. Mais nous nous devons d´être prudents avec l´utilisation du mot "toujours" qui est réducteur et nous référer au niveau de l´expérience de chaque individu.
Mouvement et progression effectifs - soit l´interrogation préalable à la pratique normalement - nous ne la voyons depuis moins de 20 ans. La large utilisation du cheval comme compagnon de loisir d´un cote ainsi que la recherche dans une moindre mesure et des personnes moins conventionnelles d´un autre cote ont contribue à l´émergence d´un nouveau mode de pensée. Sans pour autant devoir suivre ses méthodes, on peut légitimement reconnaitre unanimement l´oeuvre d´une vie du Dr. Strasser. Elle fut reconnue mondialement par le mode de pensée "Pied-nu" et des personnalités telles que Jaime Jackson ou Pete Ramey ont apporte de nouveaux arguments et de nouveaux éléments a la discussion.
Recherches sur les chevaux sauvages
Les recherches de Jackson et Ramey se sont concentrées sur les pieds des chevaux sauvages en Amérique du Nord, les Mustangs. Leurs pieds sont parfaitement sains et capables de grosses performances. Ces chevaux pratiquent des sols de toute nature - du plus mou au plus dur - et personne de s´occupe de leurs pieds, ne les lime ou ne les ferre. Comment est-ce possible?
C´est très simple - Les pieds ont une structure dynamique très complexe conçus pour être performants.
Les recherches portant sur des chevaux sauvages vivant aujourd´hui en liberté sont tout à fait significatives pour par chaque propriétaire de cheval. Ces chevaux sauvages sont génétiquement identiques à nos chevaux domestiques car sont ce sont des chevaux de travail qui ont été relâchés. Peu importe qu´il s´agisse des Mustangs d´Amérique du Nord, des Chevaux Camarguais du sud de la France, des Namibs d´Afrique ou encore des Brumbies d´Australie.
J´en conclus que le pied-nu est l´état naturel et normal du sabot et que les raisons pour lesquels les chevaux sont ferres sont historiques. Par contre les idées reçues qui vont a l´encontre de ce fait sont défendues avec acharnement. Tout ceci résulte de la méconnaissance de la plupart des propriétaires et amis des chevaux. Mais le fait est que:
Tous les chevaux peuvent marcher pieds nus!
Par contre, si le cheval pied-nus peut-être performant, en permanence, et sur tous types de sols est une toute autre question qui dépend de plusieurs facteurs. Ce n´est qu´avec un mode de vie, une alimentation et un entrainement appropriés qu´un cheval en bonne santé peut se déplacer pied-nus sur tous types de sol. Mais ceci n´est faisable que si le propriétaire agit dans le bon sens. Si ces conditions ne sont pas réunies, le sabot doit être protégé. Mais protection du sabot n´est pas synonyme de ferrure contraignante! La ferrure est en effet très dommageable pour le cheval. La ferrure restreint les fonctions du sabot qui sont essentielles pour la bonne santé du cheval. Elles sont:
- pompe sanguine
- amortisseur
- Capteur tactile
- Fonction protectrice, comme une chaussure naturelle
- Defense
Le coeur du cheval est relativement petit par rapport à son corps. Il agit comme une pompe et assure la circulation du sang et de la lymphe. Cette fonction est facilitée par le sabot. A chaque mouvement du pied (appui/levée), une certaine quantité de sang est pompée depuis le sabot vers le corps. Cela se passe lors de la phase d´appui avec l´élargissement de la boite cornée. Les vaisseaux capillaires se dilatent et aspirent le sang dans le sabot. Lors de la phase de levée, la boite cornée retourne à sa dimension initiale. Les vaisseaux se rétrécissent et avec la pression ainsi créée le sang est expulsé vers le corps. Le mécanisme du pied n´aboutit pas, contrairement a ce qui est souvent explique, à la torsion diagonale ou latérale de&xnbsp;la boite cornée! Cette fonction est sérieusement compromise dans le cas d´un sabot ferré. L´organisme doit alors fournir d´avantage d´efforts et il en pâtit.
Des hipposandales privent les sabots de cette fonction temporairement, par exemple lors du travail. Mais le reste du temps le sabot fonctionne tout à fait normalement.
Le sabot est le premier maillon dans la chaine du mécanisme d´amortissement chez le cheval. L´affirmation que la fourchette ne doit pas avoir de contact avec le sol sous peine de provoquer des douleurs chez le cheval n´est pas fondée. La Nature ne crée pas d´éléments inutiles. La fourchette est la partie la plus souple du sabot - très exactement pour cette raison. Tous les vétérinaires, pareurs ou maréchaux-ferrant ne sont pas d´accord sur le fait qu´une marche en pince (la pointe de la paroi du pied touche le sol en premier) est une pathologie est doit être soignée. Ergonomiquement parlant, la marche correcte doit être en talon. La marche en talon (le talon touche le sol en premier) sollicite d´abord la fourchette (donc qui ne doit pas être trop raccourcie). La corne de la fourchette est la plus souple du pied - elle est élastique et absorbe l´énergie en premier. Ensuite intervient le mécanisme du pied, au moyen de l´élargissement de la boite cornée, ou d´autres forces sont amorties. L´élasticité des os, le cartilage et des tendons suivent. Le reste du corps est soumis à une vibration libre grâce a un système de soutien. L´amortissement parfait n´est possible que si tout fonctionne correctement. Bans le cas des chevaux ferres, 60% de l´amortissement n´est pas assuré.
Le cheval ressent la nature du sol avec son sabot. Mais que ressent-il exactement? Le sol contient-il des irrégularités? Le sol est-il plat? Est-il incliné? Etc. Ainsi, le cheval pied-nus oriente sa trajectoire. Cette faculté est totalement perdue dans le cas d´un cheval ferré et dans une moindre mesure dans le cas d´un cheval qui porterait temporairement une hipposandale. Cela doit être bien clair. Aussi, une hipposandale ne doit pas être portée dans la durée, mais seulement tant que la source d´un problème n´a pas disparu (par exemple sensibilité ou maladie du sabot).
Fonction protectrice, comme une chaussure naturelle
Il n´y a pas de protection du sabot temporaire ou permanente. La protection est toujours assurée.
C´est le point critique. Les chevaux ferres - qui plus est avec des crampons - ne peuvent pas mieux se défendre. Au contraire, ils constituent un danger pour les autres chevaux du troupeau. Le cheval qui "tape" ne connait pas les effets dévastateurs de ses fers. Blessures et plus rarement mort d´autres chevaux sont un fait. Cela n´arrive pratiquement jamais avec des chevaux pied-nus.
Maintenant, est-ce que chaque cheval peut marcher pied-nu? Oui, c´est possible - sans aucun doute. Il le peut parce que les effets néfastes de la ferrure sont évidents:
- Privation permanente du mécanisme du pied
- Diminution de l´irrigation sanguine dans le sabot
- Dégradation des vaisseaux capillaires comme conséquence directe de la mauvaise irrigation sanguine
- Destruction de la structure de la corne par la ferrure a chaud
- Destruction de la structure de la ligne blanche dans la zone du clou
- Danger provenant des clous
- Augmentation de la force d´inertie dans la phase de présentation du pied
- Compression extrême du sabot pendant l´appui, particulièrement sur les sols durs
- Déclenchement de vibrations générées par la résonnance des fers dans les os et dans les tissus
- etc
Transition du fer au pied nu
D´après ma propre expérience je peux
dire qu´il est fréquent que les approches traditionnelles ne donnent rien. Alors le combat pour le pied-nu commence.
Il arrive en effet souvent que la transition du pied-ferré vers le pied-nu soit délicate. La plupart des chevaux
y parviennent d´emblée. Mais pas tous. Cela dépend de l´état du pied et en particulier de l´épaisseur de la sole et
de sa résistance. Cela dépend des conditions de vie, de l´alimentation et du travail demande au cheval. Il peut
arriver qu´un cheval dont on a enlevé les fers soit sensible. Cela peut commencer après quelques jours. Cela
dépend du processus de réactivation du sabot. Dans ces cas-la,
peut être nécessaire. Il se peut que le cheval ait besoin d´aide plusieurs mois après la transition.
Quand un cheval, qui a déjà ferre dans le passé, a une sole trop fine (c´est le cas pour la plupart des sabots), on se doit de tout mettre en oeuvre pour qu´une sole porteuse soit naturellement construite. Il s´agit de fournir une alimentation adaptee et du mouvement, du mouvement et toujours du mouvement. Le pied a besoin de la marche et d´une stimulation par le sol pour que sa structure se construise. Mais alimentation ne signifie pas, n´importe laquelle, ni la plus chère possible, c´est une des composantes du mode de vie du cheval déjà aborde et qui respectent certaines exigences, qui sont:
- Le foin doit être mis à disposition 24h/24 (foin de bonne qualité) et
- ainsi qu´une dose d´avoine. La dose dépend du besoin de chaque cheval, donc de son poids et des efforts qu´il fournit - l´avoine ne rend le cheval ni excité ni gras. Le cheval ne montrera d´effets secondaires qu´en cas de surdosage en calcium et en phosphore. L´avoine est la seule céréale, que le cheval peut décomposer complètement dans l´intestin grêle - c´est-à-dire l´alimentation la mieux digérée. Un article a été écrit sur ce sujet "L´avoine dans l´alimentation du cheval" par le Dr. Maroske et est accessible sur son site WEB.
Photos de référence:
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- Photo: LSG München
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Les photos ainsi signalées appartiennent au U.S. Bureau of Land Management. - Photo des hipposandale
La photo des hippo-sandales a été mise gracieusement a disposition par Jürgen Schlenger / der-hufpflegeshop.de.